les brebis de Fanny
Encore une élection … Alerte, il y a quelque chose qui cloche !
38 listes (!!!) de candidats se présentent aux élections européennes ce 9 juin 2024.
Pourtant, nous serons nombreux à aller voter sans enthousiasme … Pourquoi ?
Parce que le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent est de + en + délité.
Parce que on soumet au vote des électeurs des candidats non réellement choisis par eux, mais plutôt soutenus ou imposés par des partis politiques qui veulent leur place au soleil.
La loi électorale exclut en effet la possibilité pour les citoyens d'appeler aux charges des personnes non candidates a priori, qui sont reconnues pour leurs qualités et/ou leur expérience éprouvée du gouvernement humain, et qui pourraient accepter la charge.
Du coup, en l'état actuel, les élus ressortant des urnes sont induits à se comporter plus comme des conquérants ayant vaincu des adversaires qu’en qualité de personnes investies de la confiance de citoyens, appelées par eux à servir un bien commun.
Dès lors qu'être élu c'est gagner contre un autre à décrédibiliser, la volonté de servir le bien commun en est nécessairement affectée. Cette mécanique électorale induit une surenchère en démagogie entre candidats soutenus par leurs budgets de campagne. Le phénomène atteint un sommet surréaliste aux USA où cette mécanique fonctionne sans frein, aboutissant à un match de boxe qui fait peine à voir entre le vieux Joe et le fringant Donald qui, s’il est élu, entrera lui aussi en 9e décennie au cours de son mandat !
Faut-il alors s’insurger contre le principe de la démocratie représentative et militer pour une évolution vers la démocratie directe comme le fait la liste DNM « Décidons-Nous-Même » pour les élections européennes ?
C’est tentant. Le principe des conventions citoyennes est entrain d’entrer dans nos mœurs. On y opère par tirage au sort pour attribuer des responsabilités spécifiques.
Néanmoins, il y a mieux que la loterie pour décider qu’untel est appelé à telle charge. Dans tout groupe humain se dégagent des personnes reconnues pour leurs qualités et / ou leur expérience, non candidates à quoi que ce soit mais pouvant accepter une charge si on fait appel à elles. Ce n’est pas possible aujourd’hui. Cela doit le devenir demain : on doit être appelé par ses pairs à une responsabilité, on ne peut plus se porter candidat.
Ce n’est pas le lieu ici de développer les modalités d’élections par appel aux charges. Au besoin, je pourrais communiquer à qui est intéressé un article à cet effet.
Dimanche, je voterai blanc pour dire mon refus du système actuel fait pour départager par vote des « preneurs de voix » et ma volonté de changer la donne en promouvant des pratiques d’appel aux charges sans auto-candidatures, à tous échelons de la vie politique.
Le chef de l’Etat a refusé de comptabiliser les votes blancs. Demandez-vous pourquoi. Bernard Guérin
Bernard Guérin présente un trio de mini-vidéos sur le terrain de nos responsabilités politiques : sensibilisation à la question du mode d’élection dans nos régimes démocratiques. Ces pitchs invitent à introduire des débats informels ou à un travail en groupe sur le sujet, par exemple pour l'élections des délégué.e.s de classe (video 3). A vos commentaires et témoignages :
Dans le contexte d’inflation des listes (auxquelles il conviendrait d’ajouter la page blanche), je trouve que la barre de 5% imposée en France pour avoir des élus est trop restrictive. L’Allemagne a fait, elle, le choix de la proportionnalité sans seuil d’attribution. Entre les deux, un seuil minimal (3% ?) pourrait éviter l’émiettement sans exclure des minorités ? Ça se discute …
Pourrait-on encore parler d’émiettement si on en venait à élire des PERSONNES et pas des listes de noms déterminées par des partis ? Je crois que c’est une autre logique que la logique partisane qui va s’instaurer : des personnes élues avec leur expérience et leurs idées coopèrent à des projets de loi. Pour que ces lois soient votées, il me semble que ce sont alors des consensus à construire plus que des alliances de partis à rechercher.
Un autre point me tarabuste : pourquoi faudrait-il que chaque citoyen propose 81 noms (voir le 2e commentaire de Damien) au motif que la France doit être représentée au Parlement européen par 81 députés ?
Il me semble qu’on pourrait bien nous demander de voter pour une douzaine de personnes parmi les quelques centaines offertes à notre assentiment. Et si, hypothèse ultra-improbable, sur 30 millions d’électeurs, tous se retrouvaient sur moins de 81 noms, ceux qui manqueraient à l’appel pourraient être choisis par tirage au sort parmi les non-élus en 1ère instance.
L’important me semble être de faire évoluer la logique partisane qui reste si prégnante dans nos démocraties à la dérive vers une pratique d’appel de personnes paraissant capables d’assumer un rôle législatif au parlement européen.
Pour l’heure, je te suis sur tes 2 points :
1 – le vote électronique généralisé va permettre beaucoup de choses, y compris la nécessaire possibilité de voter blanc, distinguée enfin des bulletins nuls. Et un lien pour chacun avec un CV d’1 page maxi que les citoyens ne consulteront que s’ils sont intéressés.
2 – dans le fonctionnement actuel, on peut trouver intéressantes les idées de différentes listes, hésiter entre )plusieurs, aussi la possibilité de panacher est-elle très souhaitable, l’essentiel restant qu’il faut avoir à l’esprit qu’on doit choisir des personnes ayant des idées plutôt que des idées auxquelles se rallient (plus ou moins) des personnes (coincées ensuite par leur allégeance à un parti).
Merci pour ces précisions. Il conviendrait sans doute d’alléger la procédure de choix des 81 CV qui pourrait décourager les électeurs pressés ? Le vote électronique apportera de nombreuses possibilités. On pourrait ainsi déjà autoriser le panachage comme cela se fait pour les municipales dans les petites communes.
Merci Damien, en particulier de ta pertinente question : comment organiser l’appel à candidature pour ces élections européennes ? Elle me motive à chercher. D’autres auront peut-être bien aussi des suggestions.
Je suis partisan d’une évolution en douceur plutôt que d’une révolution brutale. Dans cet état d’esprit, voilà ce qui me vient à l’esprit :
Proposition de base : les partis politiques conservent leur vocation à faire des propositions, élaborer des programmes, défendre des idées mais ne sont plus autorisés à présenter une liste de 80 candidats. Ils peuvent néanmoins communiquer à la Commission chargée de piloter l’élection une liste de noms de personnes qui, selon eux, partageraient leur idées, en fournissant pour chacune un court CV, en particulier état civil et responsabilités exercées. Une convention citoyenne choisie par tirage au sort sera chargée de présenter à la Commission électorale une liste complémentaire de personnes estimées qualifiées du fait de leurs responsabilités actuelles pour siéger au Parlement européen.
L’électeur n’a plus à choisir entre 38 listes de 81 noms (= 3078 noms !) mais seulement à indiquer dans une liste unique (constituée par ordre alphabétique avec leur CV associé) de quelques centaines de noms pris parmi ceux indiqués par les partis et ceux sélectionnés par la Convention citoyenne. L’électeur ne choisit plus entre des idées-programmes mais entre des personnes dont il peut situer le parcours, les responsabilités actuelles et les idées-programmes dont ils se sentent proches.
C’est une esquisse, mais ça vaudrait le coup d’affiner car il est possible que les élections européennes soient avec les municipales celles pour lequel le changement de perspective serait le plus immédiatement parlant
Merci Bernard pour ta contribution, même si je vois mal comment organiser l’appel à candidature pour ces élections européennes ?